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Chaque trimestre, nous commentons sur le Blog, certaines de nos « lectures ». Nous sommes naturellement orientés dans nos choix. Mais nous essayons d’être ouverts sur des sujets larges touchant notre activité professionnelle.

Notre sélection s’effectue sur tous les medias : Bases de données publiques, sites internet et blog, manuels, CD, DVD, TV, Cinéma, Radios, rapports visés par un régulateur, presse, documentation technique et livres. Les ouvrages « lus » ont été portés à notre connaissance par divers réseaux, mais leur antériorité est inférieure à 5 ans dans la plupart des cas.

Nous avons choisi cette fois-ci la finance de marché.

Certains concepts de cette discipline se retrouvent aussi bien dans les arts, les sciences, l’économie, la finance et même en comptabilité ce qui nourrit d’ailleurs beaucoup de débats[1]. Nous n’avons pas la prétention de décrire ici les grandes théories, pratiques ou études. Il y a tellement de travaux et de littérature sur la finance de marché que nous avons finalement retenu, ceux que nous considérions comme originaux, accessibles sans effort important et surtout ceux que nous utilisons régulièrement.

Selon Jean d’Ormesson : « La tradition est un progrès qui a réussi ». Nous laissons donc la part belle aux livres au moment de la trentième édition du salon du livre.

B MANDELBROT, RL HUDSON : UNE APPROCHE FRACTALE DES MARCHÉS, EDITIONS ODILE JACOB 2005.

« Un bon schéma vaut mieux qu’un long discours ».

Livre fabuleux d’un homme exceptionnel qui fait une description remarquable d’outils mathématiques complexes dont il est l’inventeur. Ces outils sont utilisés (de temps en temps sans le savoir d’ailleurs) dans énormément de domaines et notamment pour l’étude des variations des cours et la formation des prix sur les marchés financiers. C’est l’ouvrage d’un chercheur qui a trouvé et qui partage sa vision. Nous n’avons pas recensé un seul ouvrage technique sur la finance de marché qui ne fasse pas référence aux travaux de Benoit Mandelbrot.

Concepts clefs : les lois de distribution, les outils de mesure de ces lois… et bien sûr les fractales.

NN TALEB : LE HASARD SAUVAGE ET LES CYGNES NOIRS, EDITIONS LES BELLES LETTRES 2005 ET 2008.

« La courbe en cloche, c’est la courbe des cloches ».

Il est intéressant de noter que cet auteur à l’habitude de citer ses sources et utilise la démarche Poppérienne pour illustrer son propos. Ces deux livres sont donc remplis de références vérifiables, ce qui permet d’étudier des sujets précis sur lesquels Taleb ne s’attarde pas forcément. Taleb explique également les concepts de base d’une logique scientifique utile sur les marchés qui n’ont souvent rien à voir avec le bon sens paysan. Ce qui peut de temps en temps mettre mal à l’aise un lecteur s’accrochant à certaines expressions[2]. On décèle à la lecture des deux livres, l’évolution des réflexions et de l’expérience de l’auteur qui avait encore des comptes à rendre au moment de la rédaction de Hasard Sauvage.

Concepts clefs : les distributions non-gaussiennes, l’incertitude vs/ le risque… bref la vie de tous les jours, celle qui n’est pas normale.

B GRAHAM : L’INVESTISSEUR INTELLIGENT, VALOR EDITIONS 2005

« Les mauvaises performances passées ne préjugent en rien de celles à venir ».

Il s’agit du manuel de base de tout investisseur. Plus on le lit et plus on prend conscience de la difficulté d’être un bon investisseur et de respecter une ligne directrice cohérente quand les lignes du portefeuille augmentent. On s’aperçoit par ailleurs que le travail de B Graham était énorme compte tenu des limites des outils techniques qu’il pouvait utiliser dans les années 50. Il y a des rééditions régulières de cet ouvrage avec des données plus actuelles, le constat général n’est pourtant pas modifié : l’investisseur en actions obtient systématiquement un meilleur rendement que dans d’autres types d’investissements sur le long terme. Mais le long terme, ce n’est pas 5 ou 15 ans, c’est 80 ans.

Concepts clefs : la gestion de portefeuille, les stratégies d’investissement, l’étude de séries statistiques…

N FERGUSON : L’IRRÉSISTIBLE ASCENSION DE L’ARGENT, EDITIONS SAINT SIMON 2009

« La finance est à la base du progrès ».

L’auteur est un historien, il n’y a donc pratiquement pas de démonstration des concepts scientifiques contrairement aux autres livres cités. Cet ouvrage est pourtant dans la sélection car il explique les origines du crédit, des banques, des compagnies d’assurance, des sociétés de réassurance, de l’ingénierie financière, de la titrisation…Il porte également un regard d’historien sur les grandes crises financières sans tomber dans le lieu commun : l’histoire est un perpétuel recommencement.

Le sous-titre est de Babylone à Wall-Street, on en a effectivement pour son argent dans cette étude historique. Un seul regret, la traduction défectueuse : il faut parfois deviner l’anglais pour comprendre la phrase !

G AKERLOF, R SHILLER : LES ESPRITS ANIMAUX, PEARSON 2009

« Comment fonctionne humainement la finance ».

Deux écoles s’opposent pour décrire les fluctuations de marché, les scientifiques ou les « scientistes » et les comportementalistes ou les « humanistes ». Les auteurs font partie de la seconde école. Concernant les marchés financiers et la finance de marché on s’attardera plus particulièrement sur les chapitres 7 et 11. La pertinence des propos des auteurs est démontrée par leur approche empirique. Comme pour Taleb et Mandelbrot, le lecteur sceptique peut accéder aux travaux qui sous-tendent leurs arguments. C’est l’avantage des chercheurs qui ont été publiés, l’un des auteurs est d’ailleurs prix Nobel d’économie. On retrouve ainsi des expériences et des études « cliniques » sur le comportement humain. Les auteurs proposent des explications sur le fonctionnement des marchés qui sont aussi valables qu’une démonstration par un modèle mathématique novateur[3].

Concepts clefs : la finance comportementale ; l’ontologie ; la sociologie…

D’autres ouvrages techniques ou pratiques très utiles pour nous, ils le seront peut être pour nos lecteurs : P. Wilmott – « la finance quantitative » (Eyrolles 2008)[4], Le Hull et ses nombreuses mises à jour, « Finance d’entreprise & Finance de marché » (Hermès 2007) l’idée de recenser les outils et raisonnements communs aux deux disciplines est excellente…

D’autres ouvrages intéressants où les mathématiques ne sont pas omniprésentes (où les auteurs font donc preuve de pédagogie) : « Economie des extrêmes » de D. Zajdenweber (Flammarion 2009); les écrits de Soros et Buffet ; « La longue traine » de C. Anderson pour ceux qui s’intéressent aux modèles économiques des medias; L’art de la guerre appliqué aux OPA de notre confrère Yves-Alain Ach (Ellipses 2009) pour déchiffrer certains comportements…

Umberto Eco (repris par Taleb) déclare qu’une bonne bibliothèque est surtout riche des livres qu’on n’a pas lus. Nous nous excusons donc pour les ouvrages non présentés.

Frédéric LEDOUBLE


[1] La juste valeur n’est généralement pas le prix. Lorsque la valeur comptable est égale au prix de marché, la probabilité que cela soit une coïncidence est élevée sauf enregistrement comptable d’une transaction en temps réel.
[2] Par exemple « ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément » (Boileau), ou bien « ce que ne te tue pas te rend plus fort » (Nietzsche).
[3] C’est peut-être une critique d’autres prix Nobel, les créateurs du LTCM par exemple.
[4] Les ouvrages précédents de Wilmott sont très pointus mais on peut s’intéresser à ses site et blog, qui sont fantastiques (www.wilmott.com)

[1] La juste valeur n’est généralement pas le prix. Lorsque la valeur comptable est égale au prix de marché, la probabilité que cela soit une coïncidence est élevée sauf enregistrement comptable d’une transaction en temps réel.20

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