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Réduire les délais de paiement  inter-entreprises… Un leitmotiv entendu depuis des dizaines d’années sans changement notoire. Et puis, dans un mouvement de dirigisme bien français, la loi de modernisation de l’économie (LME) impose finalement que tout le monde se recale sur un délai maximum de 60 jours, date d’émission de la facture[1].

L’effet financier de la mesure est probablement très significatif, très favorable pour certains fournisseurs, très défavorable pour leurs clients. Dans les  entreprises qui ont d’autres entreprises pour clients, le mécanisme ne joue que sur la différence entre le crédit clients et le crédit fournisseurs. Pour ceux qui en bout de chaîne bénéficiaient de clients payant comptant, l’effet joue sur la totalité du crédit fournisseurs ; c’est le cas de la distribution.

Faute du crédit gratuit du fournisseur, vers qui se retourner pour financer cette brutale augmentation du besoin en fonds de roulement…

Le banquier ?
Pas la période idéale ! et pas forcément la bonne réponse, car il s’agit bien d’un investissement à long terme et non d’une pointe de trésorerie.

Le marché financier ? 
Pour celles qui le peuvent, c’est le moment d’émettre des obligations convertibles ou assorties de BSA(AR) : GIFI, enseigne de la grande distribution, émet pour 30 M€ d’OBSAAR, 20 M€ étant destinés à financer l’impasse de trés12orerie résultant de la loi.

L’administrateur judiciaire ?
C’est le sort réservé à beaucoup de ceux qui ne pourront se refinancer. On a beaucoup écrit que le plan de sauvegarde d’Autodistribution était lié à l’effondrement de l’échafaudage financier lié à deux LBO successifs (près de 700 M€ de dettes), c’est prendre la conséquence pour la cause. Si la mauvaise santé du secteur automobile a joué un rôle dans les difficultés de la société opérationnelle, elle ne saurait expliquer à elle seule le recours à la procédure de sauvegarde. S’y ajoute l’incapacité soudaine de la société opérationnelle à remonter de la trésorerie à ses actionnaires à raison de la loi LME : l’augmentation soudaine du BFR s’élève dans ce cas à près de 70 M€ ! La loi de sauvegarde a de beaux jours devant elle.

Bref, fallait-il en pleine tourmente financière changer aussi brutalement une règle de jeu vitale pour beaucoup d’entreprises ?

Dominique LEDOUBLE

 

[1] L. n° 2008-776 du 4 août 2008 art. 21.

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