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Dans un contexte sanitaire alarmant et en réaction à une crise économique inédite de par sa nature et son origine, les marchés boursiers ont enregistré au cours du premier trimestre 2020 une chute historique [1]. Tout aussi remarquable a été le redressement des cours, rythmé par le déploiement des campagnes de vaccination, les annonces de soutien des économies et des institutions publiques et l’amélioration des perspectives économiques mondiales [2].

Environ un an après le début de la pandémie, l’indice CAC 40 avait retrouvé son niveau d’avant crise. En juin 2021, l’indice de référence de la Bourse de Paris franchissait la barre jamais atteinte des 6.600 points et le marché actions retrouvait une volatilité comparable à celle observée avant l’effondrement des indices boursiers :

Évolution de l’indice CAC 40 et de la volatilité du marché européen [3] Source : Bloomberg

Les principales organisations internationales sont toutefois unanimes pour souligner la vulnérabilité des économies et le degré élevé d’incertitudes pesant sur les perspectives mondiales. Le FMI indique ainsi qu’« un an après le début de la pandémie, […] les perspectives ne dépendent pas uniquement de l’issue du combat entre le virus et les vaccins, mais elles reposent aussi sur la capacité des mesures économiques déployées à limiter efficacement les dommages durables provoqués par cette crise sans précédent dans un climat de grande incertitude » [4]. Dans un registre similaire, l’OCDE souligne que « les perspectives de l’économie mondiale se sont éclaircies, mais [que] la reprise va sans doute rester inégale et, surtout, subordonnée à l’efficacité des mesures de santé publique et de l’aide publique » [5].

Dès lors, les niveaux de valorisation observés sur les marchés résultent-t-ils d’un excès d’optimisme des analystes financiers et des investisseurs, qui auraient tendance à ignorer les nombreux aléas sanitaires et financiers dans leur perception des différents scénarios de sortie de crise ?

Si cette hypothèse ne peut être totalement écartée, l’examen des consensus d’analystes, en charge du suivi des titres et de la publication de recommandations, ne permet pas de la privilégier. Leurs prévisions ne semblent en effet pas teintées d’un excès d’optimisme et paraissent globalement cohérentes par rapport aux anticipations des institutions économiques et financières internationales. Ainsi, pour 60% des entreprises composant l’indice boursier CAC 40, les analystes tablent sur un résultat opérationnel 2022 en retrait par rapport au résultat qui était attendu, avant la crise, au titre de l’exercice 2021.

En revanche, les multiples induits par les capitalisations boursières s’établissent, tous secteurs confondus, à des niveaux record [6] et ont enregistré une hausse sensible depuis le début de la pandémie [7] :

Multiples boursiers avant et après crise

Source : Bloomberg

Ces constats montrent que les performances récentes du marché actions résultent, en partie, d’un abaissement des primes de risque malgré la conjoncture économique incertaine. Dans sa cartographie 2021 des marchés et des risques, l’AMF juge le risque de stabilité financière « très élevé » et souligne en particulier que « les primes de risque paraissent faibles, […] ce qui pourrait entraîner des corrections sur les marchés » [8].

La baisse des primes de risque est susceptible de résulter des interactions entre les politiques monétaires et les marchés actions et, en particulier, du développement des politiques dites non conventionnelles, mises en place dans le but de soutenir les économies fragilisées par la crise.

Dès lors, dans les circonstances actuelles, le recours aux multiples boursiers pour les valorisations d’entreprise, bien qu’indispensable à une évaluation multicritère, doit être considéré à l’aune de ces constats et du risque, à court ou moyen terme, d’une correction des cours en cas notamment de relèvement des primes de risque.

 

Par Romain Delafont et Hélène Fabre

[1] Entre le 19 février 2020 et le 18 mars 2020, l’indice CAC 40 a perdu près de 40% de sa valeur.

[2] La situation est néanmoins contrastée entre les pays dits « développés » et les pays émergents ou en développement.

[3] Mesurée par l’indice V2X.

[4] Source : FMI, Perspectives de l’économie mondiale, avril 2021.

[5] Source : OCDE, Les perspectives économiques s’éclaircissent, mais la reprise est inégale, mai 2021.

[6] Les secteurs du Luxe, de la Consommation (produits de grande consommation) et de la Technologie affichent les plus fortes progressions.

[7] Les multiples « avant » et « après » crise ont été déterminés respectivement en dates du 14 février 2020 et du
28 mai 2021.

[8] Source : AMF, Cartographie 2021 des marchés et des risques, juillet 2021.

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